Source: TDG –
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Un plan d’eau a été installé dans la cour de l’Hepia, à la rue de la Prairie, pour montrer les services que peut rendre un tel bassin, entre rétention d’eau et havre pour la biodiversité.
Dans la cour de la Haute École du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia), à la rue de la Prairie, les voitures ont disparu et le parking s’est mis au vert: il accueille désormais un étang de 130 m² et de 80 centimètres de profondeur. Ce projet pilote provisoire vise à montrer comment de petits plans d’eau, facilement aménageables, peuvent constituer un outil d’adaptation de la ville face aux changements climatiques.
L’étang a été installé dans le cadre de l’événement «Rêvons la ville de demain», organisé par les Hautes Écoles de Genève (HES-SO) et le festival Explore de l’État, qui a lieu du 5 au 7 mai. Le public pourra découvrir l’oasis ainsi que ses «bienfaits». «Un étang rend de nombreux services en ville, que nous avons pu étudier sur la base de la centaine d’étangs urbains du canton – présents dans les parcs notamment ou sur certains toits comme celui du parking du BIT qui a installé dans les années 80 un étang de 3000 m²», explique Beat Oertli, professeur à la filière gestion de la nature de l’Hepia et spécialiste des milieux aquatiques.
Premier service rendu: l’effet de rétention d’eau, détaille Marine Decrey, collaboratrice scientifique à l’Hepia. «L’étang va récupérer les eaux de la toiture de l’école et éviter la surcharge sur le réseau d’évacuation, donc les éventuelles inondations. De par sa taille, notre étang n’aura pas un impact significatif, mais si on multiplie le nombre de ces espaces aquatiques, cela peut faire une vraie différence en cas de gros orage.»
Nid à moustiques et à grenouilles?
Le deuxième service concerne la biodiversité, «qui souffre en ville, poursuit la collaboratrice. Un étang est un point relais pour la biodiversité animale comme végétale, avec des libellules, des tritons, des oiseaux, des abeilles sauvages.» Les nouveaux hôtes pourraient aussi être des moustiques… Doit-on craindre une invasion? Beat Oertli se veut rassurant. «C’est un mythe qu’il faut déconstruire. Les moustiques prolifèrent plutôt dans les marais et dans de petites concentrations d’eau comme un arrosoir, où il n’y a pas de prédateurs. Dans notre étang, il y a déjà des araignées d’eau, qui mangent les œufs et les larves de moustique.»
Et de citer une étude menée en 2014: «Sur les 104 étangs urbains, un seul présentait des moustiques, mais en petite quantité.» S’il devait y en avoir, ajoute-t-il, «nous pourrions intervenir. Il existe des produits naturels pour s’en débarrasser.» Autres nouveaux habitants potentiellement gênants: les grenouilles et leur coassement. Selon Marine Decrey, la petite taille du bassin hors-sol ne devrait attirer grand monde. «Néanmoins, nous y sommes très attentifs. Si leur présence devient problématique, nous pourrons prendre des mesures.»
Filtre et piège à CO2
Troisième et quatrième services: épurer l’eau, grâce notamment aux plantes qui vont capter une partie des polluants, et créer un microclimat plus frais. «Avec notre petit étang, les effets seront très légers, reconnaît Beat Oertli. Chaque étang apporte sa contribution et plus il est grand, plus il est efficace». Enfin, une telle oasis contribue au bien-être de la population, au lien social et à la découverte de la biodiversité. Dernier bienfait en cours d’étude: les étangs pourraient emprisonner le CO2.
La structure du bassin se compose essentiellement de matériaux recyclés. Il a fallu le créer hors-sol car il y a des caves sous la cour, de quoi faire gonfler la facture à près de 50’000 francs. Au total, une centaine d’étudiants et une vingtaine de professeurs ont collaboré sur le projet, soutenu par la Ville de Genève. L’étang restera en place jusqu’à fin 2024.